Un contrat Natura 2000 pour la mise en œuvre d’un programme de dératisation de l’archipel de Chausey dans le but de favoriser la reproduction des oiseaux marins a débuté cette année. Ainsi, de la mi-octobre à la fin novembre, une opération expérimentale de dératisation a été menée dans l’archipel. Ce projet a réuni la SCI des îles Chausey (propriétaire), le GONm (gestionnaire) et le Conservatoire du Littoral (opérateur local Natura 2000 qui assure le portage financier du contrat).
Pour cette première opération, nous nous sommes associés, sur le terrain, à la société HELP Sarl (spécialisée dans la dératisation en milieu insulaire habité) et à Arnaud Antoine Paysages (pour les opérations de débroussaillage préalables au déploiement des pièges). L’objectif de cette expérimentation était de valider la méthode et de travailler à son organisation et mise en œuvre sur le terrain en tenant compte des besoins, des marées, de la météo …
Cet automne, nous nous sommes concentrés sur une trentaine d’îlots et écueils de l’ouest de l’archipel sur lesquels ont été déployés 372 postes d’appâtage. Ces postes ont été contrôlés quotidiennement au début de l’opération puis tous les 2 jours à la fin. Plus de 5000 appâts ont été consommés par le rat surmulot soit 579 appâts/hectare, un record pour Louis, responsable de Help, qui a travaillé sur beaucoup d’autres îles. À titre de comparaison 59 appâts/ha ont été consommés sur l’île Vierge et 52/ha l’ont été sur l’île de Sein !
Cette importante consommation peut s’expliquer par une forte densité de rats et/ou par le fait que le dispositif a été visité par des animaux extérieurs aux îlots traités.
Le graphique présentant le nombre cumulé d’appât consommé présente un plateau à partir de la fin de la première décade de novembre, signe que l’expérimentation a été un succès et qu’il n’y a plus de rat sur les îlots ! D’autres indices viennent renforcer cette conclusion : les caméras infrarouges n’ont pas enregistré une seule image de rat au cours des deux dernières semaines. En revanche les caméras ont enregistré plusieurs images de musaraigne des jardins (rappelons que Chausey est le seul site normand qui accueille l’espèce), ce qui n’était pas le cas au début de l’opération. Considérée comme absente des îlots, la musaraigne des jardins n’était probablement que contrainte a se cacher à cause de la pression des rats. Le « retour » de la musaraigne est à mettre en lien avec la disparition des rats comme cela a déjà été montré dans d’autres îles.
Des postes anti-réinfestation ont été disposés sur les îlots de manière à vérifier l’absence puis la recolonisation (car il y aura recolonisation à partir des îlots non traités !).
L’expérimentation est réussie, la prochaine étape sera donc la dératisation de la totalité de l’archipel en automne 2021.
Fabrice & Fabrice